2. Safe Zone

L’été est passé, nous sommes le 16 septembre et c’est la soirée de présentation du festival aux bénévoles. Ils sont 80, ça va des habitués, au petit jeune qui vient s’installer à Besançon et trouve ici un moyen de sociabiliser, jusqu’à un couple de retraités.

© Alexandre Bichard

On a installé des chaises dans le hall, entre le bar et la grande salle. À tour de rôle, les responsables des différents pôles se présentent et expliquent que, en gros, ça va bien se passer.

On commence par le responsable technique. David annonce son nom au micro : Richard Casino. Chelou. Franchement, Casino, le nom, ça ne fait pas sérieux, ça convoque des scènes ou des types comme Joe Pesci en assassinent d’autres en leur plantant des stylos dans la gorge. Il prend le micro, se présente, pas du tout l’air d’un tueur.

On enchaîne.

Lucho, responsable des bars. Albine, de la billetterie. Éloïse, des bénévoles. Lucie et Carmen, de la com et des réseaux sociaux. Tico, la programmation musicale. L’action culturelle et la médiation, Philippe et Nicolas. Sylvain, pour l’accompagnement des artistes. Mylène, en charge du mécénat, Anne-Marie, l’administration, Rémi à la régie générale et Sandra à la compta.

Une information importante : il y a, dans l’espace dédié aux bénévoles, du thé et des fraises Haribo à disposition et à volonté. J’avoue ne pas comprendre en quoi cette information est primordiale, je me contente de la noter dans mon carnet. Sinon, ce qu’il faut retenir : 45 artistes, 28 euros le billet pour un soir, possibilité de prendre un pass deux soirs à 50 euros.

L’Irlande est à l’honneur, c’est pourquoi la programmation a été annoncée le jour de la Saint Patrick. La Meute, collectif de danseuses, effectuera des performances sur la grande terrasse.

Autre innovation, le concert de Malik Djoudi sera signé et des gilets vibrants seront mis à disposition des malentendants. J’ignorais que ça existait. Ça m’intéresse. Faudra que j’essaie.

La présentation terminée, on installe les deux éléments qui, je vais le découvrir, sont ici pris très au sérieux. Une tireuse à bière, une bouteille de Pontarlier. Lucie, de la com, me présente à l’équipe, enfin à ceux qui passent, entre la terrasse où ça fume des clopes et le bar, où les bénévoles tentent de se servir des bières sans trop de mousse. Tirer une bière, c’est un art.

Je me retrouve avec Sandra, de la compta. Pas le service le plus rock’n’roll, a priori. Sauf que cette année, Sandra a été bombardée responsable VHSS. Génial. Ça veut dire quoi ? Violence, harcèlement sexuel et sexiste. Sandra m’apprend qu’une safe zone sera mise en place, durant tout le temps du festival. Un endroit où l’on donne des capotes de verre, pour éviter les cachets de MDMA ou autres de se retrouver dans votre verre.

 

© Arthur Faivre

La safe zone est aussi l’endroit où n’importe quel festivalier, enfin surtout festivalière, qui subit une agression, ou ne serait-ce qu’une drague lourdinge, peut se réfugier. Je trouve l’idée très bonne. Je demande :

– Et elle sera où, cette safe zone ?
– À côté du bar, ici, dans le hall de la Rodia, me répond Sandra.
– Ah ouais, ok. Donc là où se trouveront potentiellement tous les mecs bourrés ?
– Euh… oui. Voilà. Non mais, justement, c’est là où il y a le plus de monde. Ça a l’air contre-intuitif, comme ça, mais c’est le bon endroit.